Bonjour tout le monde !

Bon, cette semaine, vu ce qu'il se passe, je vous avoue que je n'avais pas vraiment envie de vous raconter mes histoires de perruches, qui me semblent bien insignifiantes en regard de ce qui arrive, partout. Contexte : Après des semaines et des semaines de manifestations GIGANTESQUES, rassemblant plus de monde que jamais, portant un refus absolument unanime et massif de la réforme des retraites et totalement ignorées par le pouvoir macronien, les gens, excédés et impuissants, se réunissent spontanément dans tout le pays pour des manifs sauvages. Aujourd'hui est le 5e jour de manifs spontanées ininterrompues, réprimées affreusement brutalement par une police dans l'illégalité la plus totale (nasses pourtant interdites depuis 2021, arrestations arbitraires en masse, violences policière à un niveau jamais atteint encore). Ce qui ne fait que nourrir la colère immense qui gronde dans la population. Vraiment, même pendant les gilets jaunes, on n'avait jamais atteint un tel niveau de colère populaire. Macron passe sa réforme en force, usant de tout ce qui peut lui permettre de contourner la démocratie, contre la volonté de 93% des actifs, pour leur imposer deux ans de travail en plus. Les gens protestent et se font massacrer par une police toujours plus sauvage, ne respectant même pas la loi !

Le pays est à un point de bascule encore jamais atteint jusque là. Et, aujourd'hui même à 15h, la motion de censure transpartisane déposée par le petit groupe LIOT à l'assemblée sera close, et si elle atteint les 287 signatures, le gouvernement peut être renversé... (les mauvaises langues diraient : ouais, super, on va changer Borne par Darmanin, youhou) Bref, on vit une période de grande incertitude, et vous comprendrez qu'au milieu de tout ça, j'avais pas vraiment la tête à faire un strip sur mes oiseaux...

Du coup, à la place, j'ai écris un petit texte, hier, un de mes coups de gueule dont j'aurais fait un édito si Mazette existait encore. Je vous le livre donc. 

J’ai plus les mots.

Cela fait des années maintenant, que l’indignation m’anime quotidiennement. Mais la violence et l’injustice des décisions gouvernementales a pris, en ce moment, des proportions tellement dantesques que je n’ai plus les mots.

Le mépris, la condescendance, le déni, l’arrogance, la violence, la terreur, l’autoritarisme, sont autant de qualificatifs qui définissent la macronie. Pendant les Gilets Jaunes, ce mouvement social profond, déjà, la mauvaise foi de l’exécutif me coupait le souffle. Mais, alors, une bonne partie de l’opinion publique gardait des œillères, opinant du chef aux affirmations médiatiques. Ce ne sont que des séditieux, n’est-ce pas ? Des black blocks, des “ultra-gauchiss’”, des branleurs, quelque part, ils méritent de perdre des mains, des bouts de visage, des yeux – et tant pis si, au passage, des personnes totalement étrangères à ces soulèvements se trouvent sur le chemin des balles de LBD de la police, comme ce gamin de 14 ans à Marseille, tant pis si une vieille dame meurt chez elle suite à un jet de lacrymo dans son appartement, tant pis pour toutes les victimes “collatérales” de la sauvagerie policière.

Mais, là, c’est différent. Les œillères tombent en partie. On se rend compte, avec les événements de ces derniers jours, qu’il ne faut pas forcément être muni d’un gilet jaune pour être victime du déferlement de violence de ces types en uniforme. Ça peut tomber sur n’importe qui, n’importe où. Il suffit d’être là, dans ces cortèges de gens qui ne savent plus comment crier leur désaccord avec ce qu’il se passe.

Ça fait longtemps que je tente, à mon petit niveau, d’alerter à propos de cette montée de violence inouïe dans le corps policier. Sous Macron, la police est devenue milice, la protestation est devenue dangereuse, les manifestations sont devenues risquées. L’autoritarisme d’un pouvoir entièrement dédié à la finance, dans un contexte dans lequel cette finance exacerbe les inégalités, jette une grande partie de la population dans la précarité, bousille l’avenir du vivant sur toute la planète, est total, inégalé dans l’histoire. Pourtant, ces gens, ces robocops carapaçonnés qui traînent des femmes par les cheveux, qui mutilent des enfants, qui tapent dans le tas, qui insultent, aboient et tabassent, ce sont des humains eux aussi ?! Ils ont bien des enfants, ils sont, eux aussi, victimes de ce système, ils devront eux aussi travailler de plus en plus vieux pour avoir une chance d’avoir une retraite acceptable, non ? Comment peut-on être aussi déshumanisés, aussi imperméables à la détresse de tout un peuple, au point d’exulter en cassant des gueules, en broyant des os, en massacrant des mâchoires d’inconnus ? Comment peut-on se satisfaire de servir un pouvoir qui, pourtant, ment impunément, en permanence, prend ostensiblement les gens pour des imbéciles, des enfants naïfs ?

Ça m’échappe.

Pourtant, les choses sont claires. Les ministres de Parasite 1er répètent à l’envi que “la réforme des retraites est une mesure juste, indispensable, qu’il faut l’appliquer pour sauver le régime par répartition, pour que nos enfants en aient une (de retraite)”. Pourtant, leur chef lui-même l’avoué : cette réforme n’est là que pour rassurer les marchés financiers (https://www.lemonde.fr/.../reforme-des-retraites-macron...). Et tant pis si elle condamne des milliers de travailleurs à mourir au travail, tant pis si elle prive toute une partie des français de deux précieuses années de leur vie en bonne santé. Tant pis si le pays crie son désaccord de façon absolument unanime, tant pis si on bascule dans la guerre civile.

Le comportement de chacun des membres de Renaissance est un crachat au visage de chacun d’entre nous, attisant sans cesse le feu. Macron refuse de recevoir les syndicats, pourtant tous unis dans cette lutte, ce qui, en soi, est déjà un fait exceptionnel. Après des semaines et des semaines de manifestations pacifiques absolument gigantesques, partout dans le pays, silence. Un silence assourdissant, absurde, révoltant. On a tout essayé pour les prévenir que cette mesure était un baril de poudre menaçant la paix publique, on a tenté de leur dire sur tous les tons, dans toutes les langues. Mais rien, pas la moindre considération. Manifestez sans faire de bruit, les gueux. Faites la grève parce que c’est votre droit, mais surtout, il ne faut pas que ça gène qui que ce soit.

La colère monte, monte, elle gronde partout, soulevant de plus en plus de monde. Et la violence policière explose, en réponse. Parce que c’est bien connu, pour calmer les ardeurs d’une personne désespérée, rien ne vaut un bon coup de matraque dans la gueule !

Ça va dégénérer. Ça ne peut que dégénérer.

Et les éditorialistes des chaines d’infos continuent de soliloquer sur ces français, privilégiés, qui chouinent pour quelques mois de travail supplémentaire, alors que dans le monde, y a pire. Sans comprendre qu’au-delà de quelques mois de boulot imposés à des employés épuisés, c’est tout un système qui apparaît comme sclérosé, c’est la place du travail même dans la société qui est en cause. A une époque où la production effrénée, la croissance à tout prix, est la raison même de la probable future disparition de l’espèce humaine (et, avant elle, de toutes les autres espèces), alors que, justement, nous devrions tout faire pour ralentir le rythme, cesser de surproduire, bétonniser, pour notre propre survie...

Un nouveau rapport du GIEC, fondamental encore une fois, doit sortir ce lundi. Il sera invisibilisé, évidemment. Parce que l’urgence d’une crise vient se superposer aux autres urgences, et qu’il devient difficile de hiérarchiser le chaos dans lequel le pays est plongé.

Cette crise politique est inédite. Jamais l’exécutif n’est resté aussi sourd au désespoir du peuple. Jamais les inégalités n’ont été aussi démesurées, jamais la population française n’a été aussi méprisée, maltraitée. Jamais la France n’a eu aussi peur de sa police, pourtant sensée la protéger.

Si vous voulez mon avis, on n’est pas sortis des ronces...

Mélaka

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