La petite maison dans la prairie
le lundi 22 juillet 2019, 10:40
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Commentaires
Ils ont raison d'avoir peur : les poules c'est des dinosaures prédateurs :
https://www.youtube.com/watch?v=Lwt...
(miam)
mdrr j'adore tout, la poule énoooorme, la voiture crade, la chambre de bêêêêêêtes.. et les agnelles.. à bientôt pour la suite :)
Waaaah c'est vraiment génial, vous vous donner a font. Merci de continuer à nous tenir au courant, j'adore ça et ça fais rêver :D
Ah, c'est trop mignon. <3
Pour les boucles, vu le trou que ça leur fait dans l'oreille et les misères que tu peux avoir ensuite (boucle à moitié arrachée avec la cloture sur une de mes chèvres), le véto m'a conseillé pour ma dernière chèvre de l'enregistrer, de commander les boucles et de les garder dans un tiroir...
Pilou > Merci merci pour ce conseil !!! C'est très exactement ce que je rêvais qu'on me dise !! Evidemment, je n'ai pas de soucis avec l'idée de les faire enregistrer, mais les attraper pour leur trouer les oreilles, vraiment, l'idée m'angoisse au plus haut point. Elles sont déjà farouches avec les humains, si en plus, on les blesse, tu m'étonnes qu'elles ont peur de nous ! Moi je ne suis qu'amour avec mes bêtes, je n'ai pas envie de couper les plumes de mes poules pour ne pas qu'elles s'échappent, alors que pourtant ça serait BIEN utile, mais je n'accepte pas l'humiliation que ça leur impose. Mes agnelles, je vais déjà les manipuler de manière peu plaisante lorsque je les tondrais, si je pouvais éviter d'en plus leur mutiler l'oreille, hein !! Je vais donc faire comme tu dis : les boucles resteront dans leur tiroir.
Mais elles sont super bê-ê-ê-elles ! ♥
Hiiiii c'est génial, ça fait tellement rêver !!! C'est top de voir les installations se faire petit à petit, et les animaux arriver <3 Vivement que les agnelles deviennent câlines !
Magnifique ces photos!
Ca donne envie d'y être.
Les brebis sont craquantes :).
Pour les sillons de terre laissés par la pelleteuse tu peux tenter de décompacter la terre. Par exemple à la fourche bêche. Pas nécessairement besoin de retourner la terre. Planter la fourche et soulever le sol pour le laisser retomber sur place aide déjà. Une fois le sol moins dense et plus aéré, la végétation reviendra d'elle-même.
Pour les étiquetages des brebis, j'ai toujours supposé que ça ne devait pas être pire qu'un piercing... mais évidemment, les porteurs de piercing mal placés savent qu'il faut faire attention à ne pas s'accrocher.
Il y a peut-être d'autres solutions? Tatouages, étiquettes plus petites et moins susceptibles de s'accrocher, puçage? Je connais pas.
PS: t'a tenté la bouffe pour avoir droit à des câlins? Si elles t'associent à la tambouille, leur méfiance partira peut-être :). Moi si j'étais brebis, ça marcherait! :D.
Ma grand-mère garde aussi les boucles d'oreilles de ses brebis dans un tiroir et ne leur met que post-mortem... (désolée pour le détail morbide !)
Comme ça, pas de traumatisme inutile, tout le monde est content !
Merci Allobb, je vais faire comme ta grand-mère !
Oh que c'est chouette de voir tout ça, bienvenue à pelote et jersey ! Je suis juste légèrement fada de laine, j'aimais déjà ton blog mais maintenant je vais le suivre de très près !
PS : la teinture c'est bien mais les couleurs naturelles aussi, c'est beau la laine noire d'ouessant !
Pourquoi spécifiquement des moutons (enfin agnelles) d'ouessant? Une histoire de qualité de la laine ? Leur aspect ? Leur '' survie ''? Autre ?
Lu > J'ai très envie d'essayer toutes sortes de teintures naturelles, j'ai un petit carnet dans lequel j'ai noté toutes mes futures expériences, ça va de l'oignon à l'avocat en passant par toute une série de fleurs présentes dans mon jardin <3
Krtek > Les moutons d'Ouessant sont les plus petits ovins du monde ! Ma "petite" prairie de 1000m2 est suffisamment grande pour deux modèles réduits comme ça, alors que pour deux moutons d'une autre race, ce serait trop petit. Les Ouessant sont aussi une race rustique hyper résistante, y a pas de vaccins préconisés, et s'occuper d'eux est vraiment facile, pour des particuliers :)
Si tu es intéressée, ma soeur fait de la teinture végétale depuis 3-4 ans et a testé plein plein plein de compo. Je peux te passer son mail ou quoi si tu veux lui poser des questions.
Et bon courage pour les ouessants, c'est une race hypeeeeer chiante à tondre mais très facile d'entretien '
Ah mais carrément que ça m'intéresse ! Elle a pas un site ou un blog dans lequel elle liste ses compos ?
Pourquoi les Ouessants sont plus difficiles à tondre que les autres ? J'ai lu qu'au contraire, en raison de leur faible poids et petite taille, ils sont faciles à manipuler et on peut même faire ça au ciseau à laine sans problème (plutôt que la tondeuse et ses vibrations)... Bon là par exemple j'aimerais bien les tondre un petit peu, pour les aider à supporter la chaleur, mais pour l'instant elles sont encore bien trop difficiles à attraper (et je veux pas les traumatiser en leur bondissant dessus ou en les coinçant...). Je me dis que ce sera plus facile quand elles seront un peu moins farouches.. je vais passer un peu de temps avec elles, dans le pré, chaque jour. Et je leur parle. Je me dis qu'elles finiront par s'habituer à ma voix ! Là j'arrive à les approcher un peu plus qu'au premier jour, mais c'est loin d'être gagné encore...
Question... j'y connais rien à rien, mais pourquoi il faut les étiquetter et pas les tatouer ou les "pucer" les moutons ? et si elles s'échappent et qu'elles vont à des km, comment les gens seront que c'est les votre ?
Ah non, elle a un site avec ce qu'elle fait en couture et quelques articles sur la teinture végétale : https://aiguillesduherisson.wordpre...
N'hésite pas à la déranger, elle adore en parler et tout expliquer (à mon plus grand malheur.... :p )
Pour les ouessants, ce sont des bergers qui m'ont dit qu'ils étaient vraiment chiants à tondre comparé à des plus gros ovins vu que la laine est assez serrée et près de la peau, c'est plus compliqué de leur tondre toute la toison d'un coup. Mais c'est vrai qu'ils faisaient tous ça à la tondeuse et à la chaîne. Deux petites agnelles ça devrait aller hihi
LENE > Bonne question. Justement, je suppose que la boucle sert à ça : il y a un n° d'identification dessus, donc normalement, si elles s'échappaient, on devrait être en mesure de me retrouver.
J'aimerais pouvoir les marquer autrement qu'en leur trouant l'oreille. Parce que là, en effet, avec les boucles dans un tiroir de ma maison, si elles s'échappaient, il n'y a que le bouche à oreilles qui pourrait me permettre de les retrouver (heureusement, dans nos régions peu peuplées, tout le monde se connaît et il y a bonnes chances qu'on pense à moi si on trouve deux ouessant perdues...). Peut-être leur acheter des colliers, comme pour les chiens, avec capsule avec nom et n° de tel ?... En tout cas, pour répondre à ta question, je ne sais pas pourquoi la boucle et pas autre chose, ça date d'il y a longtemps ce mode d'identification, et l'élevage n'est pas vraiment le milieu le plus à la page question high-tech...?
@Melaka
Perso je trouve l'idée du collier super. C'est simple, tu peux le faire maison, et puis ça fait plus animal domestique que bête d'élevage. Vu la taille du cou d'une brebis, tu dois pouvoir même broder le collier avec le nom :).
"En tout cas, pour répondre à ta question, je ne sais pas pourquoi la boucle et pas autre chose, ça date d'il y a longtemps ce mode d'identification, et l'élevage n'est pas vraiment le milieu le plus à la page question high-tech...?"
Heu... J'ai un peu cherché et j'ai des hypothèses. Pas joyeuses.
Melaka, tu voies tes brebis comme des animaux de compagnie, comme des partenaires, mais heu... c'est pas vraiment la vision de l'agroalimentaire. Et c'est pour l'agroalimentaire que les lois ont été faites.
Faut pas oublier que l'ovin jusqu'à une date récente c'est plutôt vu comme un "produit" d'élevage, autrement dis un machin destiné à produire de la viande (entre autre) plutôt que comme un animal de compagnie.
Donc lecteurs sensibles, sautez ce qui suit.
Et au fait, j’emploie le vocabulaire du métier parce que c'est le vocabulaire adapté, mais ça ne veut pas dire que je cautionne.
Avant l'objectif était de savoir à qui appartenait tel ou tel animal, à fortiori quand les animaux étaient élevés en toute liberté et que certains éleveurs auraient pu être tenté de "récupérer" les vaches du voisin. Cf pas mal de westerns. Donc marquage au fer rouge, etc.
Je ne sais pas quand les étiquettes ont été utilisées à l'origine (plutôt qu'un autre marquage), mais la crise de la vache folle en 1996 a renforcé la chose, avec étiquetage obligatoire dès la naissance. La directive a été mise en place au niveau européen.
L'objectif n'est plus de savoir à qui appartient un animal mais d'assurer une traçabilité agroalimentaire. Parce que si un jour un ovin, bovin, etc. s'avère contaminé par une maladie, il faut qu'on puisse retrouver tous les morceaux de viande qu'il est devenu et les retirer du marché. Idem pour tous les "collègues" qu'il a pu fréquenter au cours de sa "vie" si la maladie est contagieuse.
Donc le mouton se prend à sa naissance un numéro et ce numéro le suivra toute sa vie (et même au delà) à des fins de traçabilité. Ce qui est pas plus mal vu qu'avec l'industrialisation de la filière, une vache peut être issue du sperme d'un taureau anglais et naître d'une mère habitant en Belgique, être élevée en Allemagne, devenir laitière en Bretagne puis être abattue en Espagne pour finir dans des lasagnes dispersées dans toute l'Europe ou à l'international, sans compter les morceaux qui finiront en colle, en cuir, en farines animales, engrais, etc.
Pourquoi une étiquette plastique plutôt qu'une puce ou un tatouage?
L'élevage "moderne", l'objectif c'est de produire de la bidoche, le plus rapidement possible avec le moins de frais possibles.
J'ai pas vérifié pourquoi étiquette plastique mais je peux faire des hypothèses.
Un bout de plastique fixé à l'oreille ça ne coûte pas cher, moins qu'une puce ou un tatouage. Ca va beaucoup plus vite à mettre en place: imagine les moutons à la chaîne, le type qui tient sa pince dans une main, attrape la tête du mouton, tac!, au suivant. Ca va vite.
Une étiquette ne nécessite pas de matériel comme une puce pour être lue et est plus lisible qu'un tatouage.
Le puçage est utilisé éventuellement en plus dans certains élevages mais à des fins d'automatisation.
Par exemple quand une vache laitière va dans une trayeuse automatique, la machine "lit" la puce RFID et va pouvoir enregistrer quelle quantité de lait la vache a produit. D'autres systèmes vont permettre de déterminer quelle quantité de nourriture donner quand la vache va aller à la mangeoire, s'il faut ajouter un supplément de vitamines ou non, etc.
Ce puçage et cette automatisation ont un coût et ne sont souvent mis en œuvre que parce que... ça coûte moins cher que d'embaucher des ouvriers. Le bien être animal est secondaire.
Bref, fais leur un jolis collier en laine coloré, ça sera moins triste...
Au passage, dans les astuces pour apprivoiser tes brebis...
Essaie de faire une activité calme (pas de mouvements brusques, pas de cris, pas de contrastes forts, pas de parfums) à proximité de leur enclos, dans un endroit où elles peuvent te voir, te flairer. Elle finiront par considérer que tu fais partie du paysage. Ca s'appelle "l'habituation" en psychologie, je crois.
Tu peux tenter aussi que cet endroit ne soit pas trop loin de l'abreuvoir, pour les inciter à t'approcher ;).
Une autre idée, à voir. Je sais que certains animaux ont peur de ce qui est plus grand qu'eux. Je me demande comment réagiraient tes brebis si tu faisais la bronzette dans leur pâturage? Allongée au sol, tu ne dois pas avoir un aspect trop dangereux... :-) Et tu mets le bloc de sel à 2m-3m de toi, comme incitation :D. Je décline toutefois toute responsabilité si elles te broutent ton chapeau de paille! :D
Trop mignoooon :)
Merci pour ces nouvelles champêtres qu'on adore lire sur ton blog!
Youpi > Merci pour toutes tes précisions hélas peu surprenantes mais diablement intéressantes ! C'est une excellente idée, le collier en laine avec leur nom brodé dessus, et mon numéro de téléphone ! - ou leur n° d"identification, du coup (Dans une ptite capsule, je vais pas crocheter tout ça ce serait un massacre !).
Pour ce qui est de l'habituation, question activité calme avec mes tricots j'ai de quoi faire :) Ces derniers jours il faisait vraiment trop chaud pour ça mais là je vais pouvoir retourner tricoter régulièrement dans leur prairie, j'ai installé un banc... Et j'essaye toujours tant que possible de ne pas paraître trop "haute". D'ailleurs elles se réfugient toujours dans la partie, contre le grillage, la plus haute de leur pré, de laquelle elles me dominent presque.
Par contre pour ce qui est de les appater avec l'eau ou la pierre de sel, c'est mort, les ouessant sont connus pour ne quasi pas boire (l'herbe leur suffit) et pour le moment je crois qu'elles ont même pas vraiment capté la pierre de sel !
Tout ça évoluera de jour en jour, j'en doute pas une seconde... Mais faut être vachement patient quand même !
Pour les histoires d'étiquette (que l'on appelle plutôt des boucles, ou des tip-tag), de tatouage, de puçage, c'est en fait plus ancien, et ça renvoie à plusieurs enjeux.
En fait, ce n'est pas tellement la traçabilité des "morceaux de l'animal" (qui est impossible car à l'abattoir ils ne partent pas forcément au même endroit) mais la traçabilité de l'animal vivant, pour des raisons de gestion des races et des subventions (et sanitaire, mais sans rapport avec la vache folle car très antérieur).
Il existe depuis très longtemps un tatouage dans une oreille de chaque brebis et bélier. Ça permet tout simplement d'identifier chaque animal (toujours utile pour l'éleveur : les brebis se ressemblent !) et de reconstituer des lignées. Chaque éleveur tient des livrets avec les croisements et les naissances, et il est essentiel de pouvoir dire que la 7859 est la fille de la 4836 et du bélier Annibal (en général, même si les béliers ont des numéros, ils sont peu nombreux et ont donc aussi des noms, ce qui est impossible pour des centaines de brebis). Car cette généalogie permet :
- de choisir quelles agnelles conserver pour la reproduction (= on garde les filles des lignées connues pour donner des agneaux bien conformés pour la viande et/ou des brebis "bonnes mères" car chez les brebis la qualité d'attention aux petits semble au moins partiellement héréditaire, d'autant que ça inclut les "bonnes laitières" c'est-à-dire celles qui auront assez de lait pour leurs agneaux),
- de choisir au contraire quelles agnelles partiront à la boucherie (car on ne garde pas toutes le femelles, une partie vont comme les mâles vers l'abattoir),
- de vérifier qu'on ne croise pas une jeune brebis avec son propre père ou grand-père.
C'est donc au départ une nécessité "d'élevage", pour permettre à l'éleveur de savoir à quelle brebis il a affaire, de quelle brebis telle agnelle est la fille, etc., et de gérer sa sélection au fil des générations. Et c'était pendant des décennies un tatouage dans l'oreille (pas au fer rouge, hein !, un truc à l'encre indélébile, rien de traumatisant). On retournait l'oreille pour lire le numéro.
Autre rôle du tatouage : suivre les déplacements d'animaux entre élevages. Là encore c'est très très ancien, car d'une part il faut suivre les ventes de reproducteurs des races surveillées, et d'autre part il faut garantir la protection contre les maladies contagieuses (notamment l'ecthyma ou certains parasites internes), avec des quarantaines dans certains cas.
Puis il a fallu "moderniser", et l'administration a imposé des "tip-tag" (boucles en plastique, à poser dans l'oreille en la perçant, au moyen d'un appareil simple, rapide et assez peu douloureux car l'oreille n'est pas innervée, ce n'est pas vraiment plus rude que les boucles d'oreille des humains). Ces tip-tag permettaient en outre un contrôle par l'administration... car les subventions sont liées au nombre de brebis, et car il est légalement obligatoire de déclarer chaque vente. Avec les tip-tag, vendus en séries contrôlées et uniques, hop, pas moyen de tricher.
Bon, en fait, tatouage ou boucles sont assez proches : une fois que le numéro est attribué il est difficile de tricher, dans les deux cas. Mais il arrive que le tatouage soit dur à lire, à moitié effacé, et la boucle reste plus nette et lisible, d'où leur développement. En tout cas, c'est devenu aussi un outil de contrôle, avec numéros consignés dans un livre et vérifiables par l'administration.
Et c'était un sacré truc. Comme les agneaux sont beaucoup moins gros qu'un bœuf, ça a toujours été facile d'en vendre une partie au noir, en les abattant à la ferme, hop, ni vu ni connu. Quand c'est pour l'auto-consommation du paysan, c'est autorisé, il faut juste qu'il le déclare, pas de problème. Mais quand c'est pour un voisin ou, surtout, pour l'Aïd-el-Kebir depuis les années 60, c'est interdit - alors que ça représentait un bonus financier non-négligeable et quasi-systématique. Le tatouage et les boucles étaient censés éviter qu'un éleveur ne fasse sortir un animal du circuit. Bon, en fait, une partie passait via des déclaration de mort : "oh, j'ai eu 15 agneaux morts cette année, de parasitisme ou de diarrhée" (et en fait 5 seulement, les 10 autres étaient vendus au noir). Tout le monde savait qu'il y avait falsification quasi-systématique des livres.
Mais c'est pour ça que, légalement, les boucles doivent être sur l'oreille et non pas dans un tiroir. Car si on les laisse dans le tiroir, il suffit de sous-déclarer les naissances et de ne mettre les étiquettes qu'au moment où les agneaux partent à l'abattoir. Et ça, c'est interdit, il y a des contrôles inopinés. Ne mettre les boucles qu'au moment de la vente serait un encouragement à la fraude (à la vente au noir), donc pour limiter un peu la vente au noir (sans vraiment l'arrêter) il est obligatoire de les poser quelques jours après la naissance.
Pour les brebis adultes reproductrices ou laitières (qu'on ne s'amuse pas à vendre au noir car ça n'aurait aucun intérêt !), le bouclage est un autre contrôle : celui des subventions. Elles sont liées au nombre d'animaux, donc l'éleveur doit déclarer chaque mort et tenir un livre précis, le tout étant surveillé par les boucles et le tatouage.
Je donne tous ces détails pour expliquer une évolution (au cours des années 1980-1990) : pendant des décennies, le tatouage puis les boucles étaient surtout des outils de l'éleveur (identification élémentaire, suivi génétique), puis ils sont devenus de plus en plus des outils de flicage par l'administration. Et donc de moins en moins acceptés.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le puçage ne s'est pas imposé. Oh, il y a 20 ans environ, ça a été une sacrée bataille ! L'administration voulait impérativement remplacer les boucles par des puces. Mais les syndicats paysans (notamment la Confédération paysanne, les bio, etc.) ont lutté pied à pied contre le puçage. Car ça voulait dire une intrusion encore plus forte, un contrôle encore plus serré, et un vrai flicage. Dans le refus du puçage, il y avait à la fois une dimension sanitaire (non à un truc électronique dans mon animal) et anti-totalitaire (non au flicage à la 1984). Un peu comme le refus du Linky ou de la vidéo-surveillance généralisée.
On peut toujours dire qu'une puce simplifierait les choses. Ouaip. Comme les caméras de vidéo-surveillance simplifient les choses. Mais ni dans un cas ni dans l'autre ce n'est le monde dont je rêve. Un monde où tout est bien suivi par l'administration, où pas un mouvement ne peut être fait sans que les autorités ne soient au courant. C'est idéologique, oui. Les paysans assument complètement : ils en avaient assez de la dérive progressive vers 1984 ou Brazil, les puces ont été la goutte d'eau de trop.
Mais ça reste possible. Un nombre significatif d'éleveurs ont fini par se mettre au puçage. Mais d'autres refusent. Et les boucles restent l'outil de suivi.
Ah, une précision : il arrive qu'une brebis s'accroche une oreille bouclée dans un grillage (c'est fréquent), et arrache sa boucle en tirant pour se libérer. Idem dans des branchages. Idem aussi (mais beaucoup plus rarement !) avec une oreille sans boucle mais porteuse du tatouage (s'il n'y a pas de boucle, c'est quand même plus rare de se coincer l'oreille). Donc la loi admet qu'il arrive qu'une brebis n'ait plus de boucle (ou beaucoup plus rarement n'ait plus son oreille tatouée) sans que l'éleveur ne soit en cause. Donc il est possible de demander un nouveau tip-tag avec le numéro (c'est parfois galère pour retrouver quel est le numéro de la brebis concernée, puisqu'il faut le retrouver par déduction). Et il arrive que les éleveurs argumentent : "Eh, oh, cette brebis a déjà perdu deux fois sa boucle, elle a l'oreille toute abîmée, alors vous m'emmerdez, la boucle restera dans le tiroir, de toute façon elle est tatouée alors si vous avez un doute allez vérifier le tatouage". Bref, des arrangements (parfois à argumenter par une bonne colère).
Moralité :
Le puçage est souvent refusé pour des raisons éthiques et politiques (et un peu sanitaires), même s'il serait plus simple.
Les boucles sont obligatoires, mais dans des buts bien précis : identifier les animaux (dans des élevages où ils sont sacrément nombreux et ressemblants), éviter les ventes au noir, contrôler les transports d'animaux (règles sanitaires), attribuer les primes de l'UE (aux brebis adultes).
Autrement dit, dans le cas de Pelote et Jersey :
- c'est au moment de la vente qu'elles auraient dû être bouclées (= avoir leurs boucles) et c'est d'ailleurs bizarre qu'elles ne l'aient pas été ; maintenant que la vente est passée vous n'êtes plus concernés, enfin vous n'êtes pas responsables du non-bouclage antérieur.
- vu qu'elles ne sont que deux (faciles à identifier) et pas destinées à la vente (!!!!), vous n'avez AUCUNE raison de gruger l'administration, et d'autant moins que vous ne demandez pas de subvention.
Donc si un contrôleur vous emmerde sur la forme, vous pouvez répondre vigoureusement sur le fond : ce serait du pinaillage déplacé de sa part. Il n'y a aucune "fraude" possible de votre part, c'est juste beaucoup plus simple d'éviter de devoir les re-boucler chaque fois qu'elles s'accrocheront dans le grillage et qu'elles perdront leurs boucles.
[Il ne fallait pas me lancer sur mon ancien métier, hu hu. J'ai résisté, j'ai résisté, puis j'ai craqué]
Woah !! Quelles explications complètes ! Merci merci Jacques pour ce cours :D
Merci beaucoup Jacques pour toutes ces précisions :).
J'avais misé sur la vache folle parce que je sais que c'est depuis cet épisode que les moutons doivent être marqués dans les 48h suivant la naissance.
J'avais complètement zappé le coté sélection.
Je suis heureux du témoignage du professionnel que tu es, c'est beaucoup mieux. :) C'est pas facile de trouver de l'information fiable sur le net.
Je crois toutefois que depuis la crise de la vache folle la traçabilité existe sur les morceaux de viande. Mais je soupçonne que c'est purement intra-européen. Faudrait que je vérifie.
"Par contre pour ce qui est de les appâter avec l'eau ou la pierre de sel, c'est mort, les Ouessant sont connus pour ne quasi pas boire (l'herbe leur suffit) et pour le moment je crois qu'elles ont même pas vraiment capté la pierre de sel !
Tout ça évoluera de jour en jour, j'en doute pas une seconde... Mais faut être vachement patient quand même !"
Simples suppositions d'un non professionnel mais...
J'ai entendu parler de coins de bord de mer (marais breton-vendéen) où on ne met pas de sel parce que les prés sont situés dans des marais d'eau saumâtre. L'herbe en contient assez naturellement. L'île d'Ouessant est en pleine mer... Si les Ouessant y sont habituées... mais je ne sais pas si un mouton "sent" ou non qu'il a besoin de sel... Le coté rustique joue aussi peut-être avec de meilleurs capacité de captage et de rétention des minéraux... J'y connais pas grand chose...
Une race rustique c'est souvent proche de l'animal sauvage.
Qui lui avait dans l'instinct que la majorité des bestioles qu'il voyait étaient des prédateurs potentiels (et c'était bien vu!). Alors que les variétés très domestiquées ont été sélectionnées (entre autre) pour leur facilité de relation avec l'humain (1). Ca pourrait expliquer qu'elles mettent du temps à apprendre à te faire confiance... D'un autre coté, ça pourrait les rendre méfiantes à l'égard de tout étranger, ce qui n'est pas plus mal.
(1) cf expérience de domestication du renard argenté en URSS.
On verra Pelote et Jersey en guest stars dans Mazette?
L'hypothèse d'un atavisme ouessantin pour expliquer leur peu d'attirance par la pierre à sel est intéressante. L'idée est crédible, les prairies d'Ouessant sont sans doute suffisamment pourvues en sel.
Je suis toutefois sceptique, car a priori l'envie de sel est plus viscéral que ça (et les animaux domestiques vont prendre le sel où il est, pas forcément sur des pierres à sel : ils peuvent lécher des murs, etc., ce qui laisse penser que ce n'est pas une "habitude de connaître les pierres à sel").
Zut, moi qui comptais ramener ma science, je constate que j'arrive trop tard et que Jacques C a déjà tout dit, et de manière claire et complète! En plus, je connais surtout le cas de la Belgique, mais apparemment c'est exactement pareil en France.
Je plussoie donc ses conclusions : tout animal doit être bouclé, l'inverse est illégal (c'est une partie de mon boulot, je peux pas dire le contraire) MAIS... pour deux brebis, non destinées à la vente, ni même à la consommation, qui n'ont aucune raison de bouger de leur prairie durant toute leur vie, c'est pas très dramatique. De plus, il n'y a pas de raison particulière de voir arriver un contrôle je suppose, puisque pas de subside, pas de commerce, bref, pas d'argent en jeu. Et m'est avis que les contrôleurs se baladent rarement dans votre village, donc bon, à part une dénonciation d'un voisin mal intentionné.
Et là encore, en fonction du contrôleur, ça peut très bien se passer, ou non (y a des gens biens et des sales types sans compréhension partout).
Pour l'approche des animaux, je dirais qu'il faut continuer ce que tu fais, mais oui, ça demande beaucoup de patience. Ce sont des animaux curieux, mais aussi très peureux. Quand la curiosité sera devenue plus forte que la peur, elles viendront d'elles-mêmes. Mais il ne faut pas s'attendre à des miracles non plus, elles garderont peut-être toute leur vie un côté farouche. Du coup, pour la tonte, il faudra peut-être les choper un peu contre leur volonté (en espérant que non, bien sûr), mais c'est pour leur bien, et les animaux sont vachement (huhu) moins rancuniers que les humains, donc elles ne devraient pas te le reprocher :-p
Merci pour vos conseils et commentaires passionnants à tous ! La chambre des éleveurs du tarn a été contacté, ils sont en mode vacances et m'ont dit qu'ils donneraient suite à la mi-août. Je vais prendre le risque de garder les boucles en tiroir, mais je vais quand même leur fabriquer un collier pour qu'elles puissent être identifiées si jamais elles se faisaient la malle... Bon, en espérant que je puisse les leur enfiler et qu'elles les gardent ! :/
Je suis le blog depuis... Pfiou pas mal de temps ! La tournure champêtre qu'il a pris m'a ravie et m'a donné envie de m'y mettre. Par ce commentaire maladroit je voulais juste te remercier pour tes tips permacumture, tes mises à jours hebdomadaires. J'ai cette année fait mes premiers carrés de potager, en permaculture, zéro pesticide ma bonne dame ! Les tomates sont un délice ! Je n'ai pas coupé les ronces en hiver et je déguste de délicieuses mûres chaque jour. J'ai fait des erreurs de débutants, notamment sur les courgettes qui prennent oh mon dieu, tellement plus de place que je ne l'avais prévu ! Mais aucune limace n'attaque mon jardinet grâce aux épluchures, je prépare le paillage pour l'année prochaine, j'ai investi dans un composteur et je voudrais prendre des poules
C'est génial de suivre vos aventures au fur et à mesure, merci !
coucou, j'arrive loongtemps après toutes ces discussions, mais je voulais simplement dire qu'il vaut mieux éviter de mettre du foin par terre,plutôt utiliser de la paille pour la litière et placer le foin en hauteur afin qu'elles ne puissent pas le souiller (après elles ne le mangent pas ou chopent des cochonneries!)
aussi au niveau marquage, pour les chèvres ils font maintenant des bracelets à mettre sur la patte, beaucoup moins moche et moins douloureux (pour info le diamètre du trou de la boucle est super gros et il y a un risque d'infection si c'est fait à l'arrache ou si la brebis bouge...ce qu'elles font toujours!) mais je ne sais pas si c'est permis pour les brebis!
pour la tonte c'est quand même hyper délicat surtout sur des bêtes jeunes et pas très rondes et les blessures sont très courantes,pas graves mais bon ça saigne beaucoup.. le mieux serait que vous trouviez un élevage sympa par chez vous et apporter vos agnelles le jour de la tonte.les tondeurs sont en général super gentils et ils pourraient peut-être vous apprendre?(dans un monde idéal je veux dire) parce qu'à la main avec un ciseau bon courage pour récupérer une toison utilisable..
voilà mon petit grain de sel d'après mon expérience de bergère, bonne continuation et bravo pour tout!
ah oui et pour la sociabilisation, chez ma mère nos chèvres les plus farouches st devenues très gentilles voir calines après une mise-bas et plein de manipulations "forcées" dues aux début d'allaitement et parage d'onglons et distribution de grain à la main.en alpage on donne le sel en vrac et on les amadoues bien comme ça!
bon courage!
Salut, merci pour ton commentaire longtemps après Il est plein de conseils judicieux ! Alors en fait, elles ne squattent pas du tout dans leur "chambre", mais le foin est quand même souillé par endroits, à cause des poules... Il y a une autre petite cabane sur leur terrain, en bois, c'est là qu'elles ont décidé de s'établir. Bon pour le moment il y a encore de l'herbe donc elles n'ont pas touché à tout le foin... Mais je retiens, la prochaine fois je mettrai de la paille au sol plutôt; et le foin dans le ratelier ! Pour les boucles, je n'ai vraiment pas envie de les leur mettre, le bracelet ce serait top !! Je vais me renseigner auprès de mon véto, voir si ça se ferait pour deux p'tites brebis... Pour la tonte, oui, j'ai un peu révisé ma copie, il y a un type qui tond tous les moutons du coin depuis 20 ans, je pensais lui demander de venir tondre les miens et de m'apprendre en même temps ! (j'oublie les ciseaux, trop peur de les blesser, ce sera tondeuse hein '). Quant à la sociabilisation, je caresse aujourd'hui Pelote sans soucis (grâce à la poignée de grains que je leur donne régulièrement), elle se défile un peu mais pas trop, et puis elle me suit partout, c'est très marrant :) Jersey, elle, reste encore farouche, elle s'approche très près de moi mais si je tends la main vers elle, elle file à l'autre bout du terrain ! Bon comme Pelote me suit partout, Jersey suit aussi, mais avec un peu plus de distance :) Je ne désespère pas de pouvoir la gratouiller aussi, un de ces jours !
Merci encore pour ton témoignage de bergère !