Honnêtement, ça fait plusieurs jours que je me demande si je vais le raconter sur mon blog.

Je n'en ai aucune envie. Repenser à cette scène, vécue il y a maintenant presque une semaine, me fait toujours aussi mal. Un coup de poignard dans le coeur. Mais je vous le dois, étant donné qu'à travers ce blog, je vous fait vivre toutes mes histoires d'animaux. Au bout d'un moment, son absence aurait été perçue par vous, mes lecteurs, et vous vous seriez légitimement posé des questions.

Je vais donc vous raconter ce qui est arrivé il y a une semaine, en copiant-collant ce que j'ai écrit sur facebook deux jours après que ce soit arrivé :

"Bon. Je trouve la force d'écrire un mot ici. Avec Reno et les enfants, on est dévastés. Avant hier au soir, il y a eu un drame... Vous savez, ce petit chat noir hyper mignon, Kikko, qu'on a récupéré il y a deux mois, le surlendemain de sa naissance, qu'on a nourri au biberon, d'abord toutes les 3h, puis toutes les 5h... On l'a surcouvé, on l'a couvert d'amour, on l'a vu grandir, passer de petite larve sourde et aveugle à chaton pétant de vie, joueur et câlin, répondant toujours à son nom, nous suivant partout... On l'aimait comme des dingues, ce chaton. Jamais on n'avait eu ce genre de rapport avec un chat, sauf moi peut-être avec ma petite Ponyo qui a eu un destin tragique il y a quelques années maintenant... Bon, peu après le repas, vers 20h, j'ai encore vécu un long moment d'attendrissement pur à le voir s'amuser à "effrayer" les brebis. Il est tellement mignon, tellement craquant ! puis je décide de rentrer, comme d'habitude, je l'appelle, mais pour une fois, il semblait avoir envie de rester jouer dans le jardin. Je me dis, bon, après tout, il sait utiliser la chatière depuis quelques jours, il n'y a aucun danger dans le jardin pour lui, c'est un chat, aller, je le laisse tranquille, il rentrera de lui-même. Je monte dans mon bureau, comme tous les soirs on se fait un petit jeu avec Reno, et, après notre jeu, une demi heure plus tard, la nuit venant de tomber, Maya demande où est Kikko, pourquoi il est pas rentré ? Du coup on sort tous les quatre pour aller le chercher..

On appelle, on appelle, il vient pas. Et, à force de chercher dans le jardin, lampe de poche à la main.. Je finis par le retrouver, allongé, inanimé, à l'endroit EXACT où je l'ai trouvé la première fois alors qu'il venait de naître. Il a du sang dans la bouche, ça vient tout juste de se passer, son corps est tout chaud, tout souple... On ne veut pas y croire, on s'effondre tous les quatre en pleurs, c'est pas possible, c'est pas possible ?! qu'est-ce qui a bien pu se passer ?? On le regarde sous toutes les coutures, il n'a aucune trace de blessure, rien, juste ce sang qui lui sort de la bouche, comme témoin de quelque chose qu'il aurait mangé et qui lui aurait bousillé l'intérieur, provoquant une hémorragie interne... On pleure beaucoup, beaucoup, on essaye de comprendre.. à force de réfléchir on finit par penser à un truc : les baies à serpent (arum tacheté). Cette plante, il y en a un peu partout dans nos jardins, je la sais très toxique, mais je n'ai jamais eu la présence d'esprit de les arracher parce que mon jardin est plein d'animaux et jamais aucun d'entre eux n'y touchait... Mais Kikko, c'était un bébé, un bébé ça joue avec tout et n'importe quoi, il a pu décrocher une de ces bouboules rouges, et la mâchonner...

Honnêtement, j'ai beau retourner le truc dans tous les sens, je ne vois pas ce que ça peut être d'autre. Un prédateur ? Il aurait eu des traces sur le corps. Une chute ? Il est si léger, je ne vois pas comment, et surtout d'où, il aurait pu chuter au point de mourir d'hémorragie interne !! Une voiture ? trop loin de la route. Un empoisonnement autre, genre mort aux rats ? On n'a pas ça chez nous, et tout ceci s'est passé bien trop loin des maisons ou jardins voisins. Les brebis, un coup de sabot mal placé ? Bah non, je les avais rentrées et fermé la porte de leur prairie... Je suppose que je n'aurai jamais la confirmation de mes doutes...

Bref, on a enterré Kikko hier, on lui a fait une belle pierre tombale, mais sa présence manque vraiment. On est habitués aux décès d'animaux, en ce moment c'est festival, mais certains décès sont plus durs à vivre que d'autres. Kikko, c'était notre bébé d'amour, un chat surcouvé, sur-aimé, une adorable petite boule de poils vraiment très attachante. Après l'enterrement, je suis allée faire le tour du jardin et de la prairie des brebis pour arracher toutes ces saloperies. Et, coup du destin, en faisant ça j'ai marché de tout mon poids sur une vieille planches planquée dans les hautes herbes de laquelle dépassait un clou rouillé, qui s'est enfoncé très profondément dans mon pied. Du coup, me voilà triste et handicapée (je vais faire un rappel antitétanique tout à l'heure)...

Tout ça pour dire, surtout, faites attention à ces saloperies de plantasses. J'ai même pas le courage de mettre une photo de Kikko, trop douloureux, mais vraiment, si vous avez des animaux, et en particulier des jeunes qui n'ont pas encore l'instinct de les éviter, arrachez-les, elles tuent..."

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Voilà. Je ne veux pas mettre de photos de lui, en plus j'en avais prises le jour même. Mais son absence est gigantesque. Un chaton aussi adorable, qui joue en permanence, ça occupe l'espace, un truc de dingue ! Mes autres chats semblent bien discrets, ils font leur vie, sont plutôt indépendants, et depuis ce drame, le quotidien nous semble vide. Il nous manque tellement. Deux mois, putain. Juste deux mois. C'est vraiment trop injuste !!

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Et oui, je repense à Ponyo. Je n'ai jamais vraiment réussi à faire le deuil de cette histoire. Ponyo et Kikko étaient tous deux des chats particulièrement proches de nous, particulièrement câlins, particulièrement adorables. Et la vie mes les a arrachés si tôt, tellement tôt ! La prochaine fois qu'on a un châton, et qu'on le surcouvera (ce qui ne manquera pas d'arriver), foi de moi, jamais plus je le laisse dans le jardin le soir, tant qu'il n'est pas devenu adulte et débrouillard. J'ai toujours eu peur de la route et des voitures, hé ben, finalement, le danger peut venir d'ailleurs...

Bon, je vous laisse, je vais aller me rouler en boule dans un coin (en vrai, je me remets au boulot, le coeur lourd). Et ne vous inquiétez pas pour mon pied, ça y est ça va beaucoup mieux, je peux remarcher normalement.

Oh, et pardon pour cette note pas drôle. Que voulez-vous, des fois, on n'a pas tellement envie de rire...